C’est celui qui dit qui est!

Souvenez-vous cette petite phrase de cours d’école que nous nous lancions à la figure par exemple après un :« Tu es un menteur, tu ne dis jamais la vérité !… « Woueh ! Ben ! C’est celui qui dit qui l’est! ».

A l’origine de la psychanalyse, Freud a constaté que certains mécanismes de notre psyché permettaient d’échapper à la difficile sinon douloureuse confrontation à des pensées et émotions jugées non compatibles avec notre propre image. Tout cela de manière inconsciente ! Sinon, le sujet n’existerait pas !

Dit autrement, par un mécanisme mental inconscient, une personne attribue à une autre personne des sentiments, des croyances, des désirs qu’elle n’arrive pas à assumer elle-même.

Freud les a appelés « projection ».

Les projections sont à la fois fascinantes et complexes.

Il s’agit à travers nos projections sur l’autre et le monde … de maintenir un équilibre interne entre nos propres désirs et peurs/craintes pour en diminuer les tensions internes.

Quitte à modifier parfois avec énergie la réalité qui nous entoure et faire porter aux autres ce que nous ne pouvons pas nous résoudre à accepter sur nous-même et à modifier.

« On ne peut pas se fier à elle » répond à un inconscient « Suis-je vraiment fiable ! »

« Les hommes politiques restent toujours les mêmes » répond à un inconscient « Et moi, suis-je vraiment capable de changer ! »

Nous pouvons aisément déduire que les projections génèrent quelquefois des effets néfastes dans le développement de la personnalité quand il n’est pas pris en compte de toute leur dimension opératoire au quotidien.

Dans nos relations sociales, nous avons tendance à percevoir facilement chez l’autre des comportements, des facettes de personnalités qui sont autant l’expression d’aspects refoulés de notre personnalité.

Ne dit-on pas qu’il est plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin que la poutre dans le sien !…

Ou encore : « Quiconque voit son prochain imparfait l’accusera de ses propres défauts » …

C’est un peu comme si nous regardions le monde, les autres à travers nos propres filtres venant apporter des couleurs, des teintes qui sont en fait les nôtres.

C’est la raison pour laquelle la non conscience des mécanismes projectifs peut générer des effets néfastes dans toute relation :

Dans la famille, entre amis, au travail ou encore à l’école…

Nous pouvons aussi travailler activement pour ne pas se laisser influencer par les projections des autres qui peuvent impacter sur propre développement.

Chacun sait combien le regard des autres nous modèle en plus de notre propre regard.

En séance de coaching, l’accompagnant doit faire preuve d’une grande vigilance. La personne accompagnée peut projeter sur l’accompagnant des pensées, des jugements qui appartiennent à la personne accompagnée.

Cependant, il peut aussi s’agir de vrais et factuels comportements de l’accompagnant sur ses compétences ou sur l’indélicatesse de son questionnement.

Parallèlement, l’accompagnant peut aussi projeter des pensées et des états émotionnels sur son client.

Ainsi, quand ce dernier arrive une fois avec quelques minutes de retard à une séance et qu’il se voit adresser un « Vous devez travailler votre ponctualité ».

Cette généralisation peut cacher une incapacité régulière de l’accompagnant à honorer ses propres rendez-vous personnels.

Ah ! Les séances de coaching n’ont vraiment rien à voir avec des discussions de comptoir…

Et vous, êtes-vous conscient de vos projections ? Et si oui, qu’en faites-vous ?

A écouter en podcast sur Radio RCF

https://www.rcf.fr/economie-et-societe/mieux-vivre-son-travail?episode=551985